Après plus de dix ans passés à travailler dans le domaine de la mesure des médias, de plus en plus de clients me demandent aujourd’hui mon avis sur le dernier indice à la mode pour évaluer les campagnes d’influence, j’ai nommé l’Earned Media Value (soit EMV). Pour ceux qui ne connaissent pas cet indicateur, il est fourni par un certain nombre d’outils comme une tentative d’attribuer une valeur monétaire au contenu ‘earned’ c.a.d gagnés sur les médias sociaux (par ex., « ce post Instagram nous mentionnant « vaut » 500 € »).
Si le concept semble familier, c’est que l’EMV est essentiellement une version recyclée de l’Advertising Value Equivalent (AVE ou « équivalent en valeur publicitaire » en français), qui vient tout droit de l’ancien monde des RP et tentait de déterminer un coût équivalent à l’achat d’espace média ou d’impressions via la publicité. Le spectre de cet indice refait surface, les professionnels du marketing d’influence cherchant à justifier leurs efforts et à démontrer leur impact.
Fort heureusement, l’AVE a (enfin) été rejeté par tous les organismes de mesure dignes de ce nom, qui le considèrent dénué de sens et trompeur. Ceci étant, je voudrais exposer les raisons pour lesquelles sa nouvelle incarnation, l’EMV, n’a selon moi pas non plus sa place dans un programme d’influence avant-gardiste.
Si l’EMV est devenu populaire, c’est parce qu’il offre une réponse simple à une question complexe. En réalité, il n’existe aucun KPI magique applicable à toutes les marques, tous les secteurs et toutes les campagnes. C’est pourquoi nous avons élaboré un cadre de mesure basé sur celui de l’AMEC (Association for the Measurement and Evaluation of Communication), que nous avons adapté au marketing d’influence. Il aide les marques à se fixer des objectifs préalables puis à mesurer leur performance périodiquement, que ce soit au terme d’une campagne ou plus régulièrement pour des évaluations mensuelles.
Enfin, on utilise généralement l’EMV rétrospectivement, au terme d’une campagne, comme pour mieux se dire « regardez, c’est une réussite ! », ou pour montrer comment la marque se démarque par rapport à un concurrent. Comme toujours, l’aspect le plus important que nous pouvons retirer d’un exercice de mesure se résume à la question suivante : « quelles leçons pouvons-nous en tirer ? Et comment pouvons-nous adapter nos stratégies et nos approches pour être certains de mieux faire la prochaine fois ? »
Et maintenant, si vous voulez bien m’excuser, puisque ce billet est valorisé à 315€, je vais aller m’offrir un spa. Ah non, attendez...
Bio: Sam a plus de dix ans d'expérience dans le domaine des médias numériques et de la mesure des médias et est actuellement le spécialiste du secteur européen de la beauté chez Traackr. Il est accrédité par l'Association pour la mesure et l'évaluation de la communication (AMEC).